Bonjour,
Dans vos paniers de ce soir, il y a entre autre des radis raves (gros radis d’hiver) et notamment une variété que nous faisons pour la première fois : le Violet de Gournay. C’est un ancien légume. Le goût est prononcé. Les radis raves peuvent être consommés épluchés et coupés en rondelles avec du fromage, ou aussi en petit cubes dans les salades. Ils peuvent aussi être cuits si vous les trouvez trop fort.
Le mesclun contient d’assez nombreuses jeunes pousses différentes, dont du Mizuna, ou moutarde japonaise. A consommer en priorité même s’il a été cueilli cet après midi.
Vous vous demandez peut-être pourquoi les jeunes navets sont petits ? Parce que nous les éclaircissons en ce moment en enlevant les plus jeunes. Les radis ne sont pas très beaux, mais je n’en avais pas d’autre.
Les pommes de terre Nicola sont les dernières pratiquement de celles que nous avons planté ensemble au printemps, avec le cheval. Cette journée ensoleillé reste dans nos mémoires comme un bel effort partagé !
Comme vous le savez probablement, nous avons finalement opté pour mettre fin à notre partenariat fin février. Décision pas facile à prendre. Nous avions espéré pouvoir embaucher Thierry, mais cela n’a pu se faire pour des raisons familiales et financières. Et nous ne nous sentions plus l’énergie de continuer le nombre de paniers réalisé actuellement (115), en plus des autres activités qui prennent de l’essor.
Il y a cinq ans, dans une totale naïveté, nous avons décidé de nous lancer dans le maraîchage bio. Nous ne mesurions pas dans quelle aventure nous nous lancions. Belle par bien des côtés, extrêmement difficile par d’autres. Tout le monde dit, dans la profession, que le maraîchage bio est le métier le plus difficile de l’agriculture. Nous avons opté pour une voie à explorer, la permaculture : personne pour nous guider ! Des techniques à adapter, à inventer… Au final, malgré une immense fatigue pour tous les deux, les difficultés financières (4 années et demi sans pouvoir nous verser de rémunération) et les moments de doute et de découragement, je ne regrette pas notre choix. Notamment parce qu’outre les beautés de ce métier, il nous a permis de rencontrer nombre de belles personnes. Au Panier Blomet notamment. Sans votre confiance et votre fidélité, sans l’engagement du « noyau dur » en particulier à nos côtés, je ne sais si nous aurions tenu ! Tout ceci pour vous dire à tous un grand, grand merci, notamment à celles et ceux qui sont devenus des amis au fil des ans.
S‘engager dans une amap est un engagement fort de part et d’autre, c’était une première comme vous comme pour nous. Nous avons beaucoup appris. Ce mode de consommation alternatif est certainement appelé à se développer, mais il faut reconnaître qu’il diffère tellement de nos habitudes que pour être vraiment opérant à 100 % il faut un travail de fond sur nos choix et habitudes, tant alimentaire que de consommation. Pour le maraîcher, c’est une grande pression et les remarques (souvent justifiées) nous touchent parfois trop ; tant notre équipe que nous mêmes avons parfois l’impression qu’on n’arrivera jamais à satisfaire l’attente des consom’acteurs. De nombreux maraîchers finissent d’ailleurs par opter pour d’autres modes de distribution moins contraignants que les amap. Je réalise qu’être maraîcher demande de nombreuses années d’apprentissage…
Soyez indulgents avec le maraîcher qui nous remplacera ! Pensez à ses efforts en ouvrant votre panier ! Je reste persuadé que le système amap est le meilleur et que cela vaut le coup de se battre pour le pérenniser. C’est un geste fort pour la planète et un acte politique.
En ce qui nous concerne, notre rêve est d’arriver à produire sans pétrole, de manière durable, dans le respect de la terre… Ce n’est vraiment pas la voie la plus facile dans le contexte actuel. Nos collègues qui travaillent une parcelle au tracteur, et qui déroulent une bâche, repiquent des légumes dessus avec souvent un meilleur résultat (production plus importante et de plus bel aspect) que nous, avec bien moins de travail…
Peut être sommes nous complètement fous ? Mais un jour, du pétrole il n’y en aura plus…et ce qui semble utopique aujourd’hui sera peut être demain une alternative pour de nombreuses personnes ?
Toujours est-il que nous arrêtons Panier Blomet pour nous consacrer à la mise au point de cette méthode de maraîchage en permaculture, que nous avons appelé méthode Terra vitae, du nom de l’association créée en 2010. Nous venons de passer un partenariat avec l’INRA et AgroParisTech pour étudier ce modèle alternatif. La Fondation de France et la Fondation Lemarchand pour l’équilibre entre les Hommes et la Terre nous font l’honneur de financer cette étude. Il y a beaucoup d’attente autour d’elle car elle peut générer un tournant dans le maraîchage bio, à terme. Nous ne pouvions pas, de manière réaliste, assurer à la fois un grand nombre de paniers, mener cette recherche et assurer nos formations qui se développent.
Voilà les raisons de notre choix. Il me reste à vous dire que nous ferons de notre mieux jusqu’au dernier panier, et à vous remercier à nouveau. Si un jour une nouvelle méthode de maraîchage en permaculture s’avère opérante, nous n’oublierons pas que Panier Blomet a contribué à la naissance de cette aventure !
Je vous joins le projet d’étude, pour ceux qui désirent en savoir plus.
Nous pourrons nous revoir au printemps à la ferme pour une fête d’adieu… ou d’au-revoir !
Avec toute notre amitié,
Charles et Perrine