Newsletter n°9 ferme Mille Fleurs

Voici les nouvelles écrite par Ernestine à la fin de l’été, nouvelles de la ferme Mille Fleurs notre partenaire « Viande Bovine ». Pour toute info relative à ce partenariat contactez le référent.

1 – Les mères et leurs veaux :

Les mises-bas posent rarement des problèmes sur notre ferme. Les terrains accidentés donnent aux vaches l’occasion d’une bonne gymnastique prénatale. Les vaches ne sont pas stressées, puisqu’elles se sentent protégées par la présence du troupeau. Elles sont dans leur environnement naturel et peuvent se fier à leurs instincts. Il faut choisir de préférence comme père un taureau qui donne des veaux petits à la naissance. Normalement une vache sélectionne le lieu de naissance quelques jours avant la mise-bas, souvent un endroit caché à une petite distance du troupeau. Elle n’y reste pas, sans doute pour éviter d’attirer des prédateurs. Le moment venu, elle se couche. J’ai même vu des vaches qui continuent à ruminer ou à manger pendant tout le travail. Le veau arrive à la vie, les sabots de devant en premier, suivis du museau. Il se peut que le veau se présente en siège ou avec un pied dehors et l’autre coincé à l’intérieur. Dans ce cas, il faut repousser le veau (40 kilos) vers l’intérieur et mieux le placer. Pas facile du tout ! Jos est assez fort pour cela. La vache si c’est trop long en a marre, se lève et s’en va avec une partie du veau sortant à l’extérieur. Et là comment arrêter un animal de 600 kilos, qui a décidé de ne plus vouloir de l’intervention humaine, dans
une parcelle de plusieurs hectares ? Je vous laisse imaginer.
Une fois sorti, la mère frictionne vigoureusement le nouveau né en le léchant. Elle en profite par la même occasion pour avaler le placenta et la poche des eaux. Si non, ils pourraient attirer des prédateurs et de plus, ils contiennent des substances utiles à la vache. Le nouveau–né se dresse rapidement sur ses pieds et cherche aussitôt à téter. Se tenir en équilibre sur ses pattes et de trouver les pies n’est pas une mince affaire. Une vache expérimentée aide souvent son veau en lui donnant une petite poussée avec son nez dans la bonne direction.
Dès ces premières minutes, le lien entre la vache et son veau se construisent. Désormais la vache et son veau se reconnaitront parmi des centaines d’autres animaux, grâce à leurs sens. Si un veau meugle, c’est toujours sa mère qui répond et vice versa. Les mères émettent un son particulier, très doux, pour appeler leur petit. Ce doux mugissement se change en rugissement quand le petit atteint l’âge où les enfants n’écoutent plus maman.
Les premiers jours, les veaux sont encore très vulnérables et sont une proie facile pour des prédateurs (chiens errants, renards, lynx). Les vaches le savent et leur baby blues consiste souvent en un état d’hyper vigilance, elles sont prêtes à tout attaquer et tuer. C’est à ce moment qu’annuellement, plusieurs éleveurs trouvent la mort. Les veaux sommeillent pendant quelques jours après leur naissance. Les vaches savent qu’ils ne sont pas encore assez rapides pour échapper aux prédateurs et elles cachent leurs veaux à l’abri pendant qu’elles mêmes vont brouter l’herbe au milieu de la prairie. La mère montre à son veau où se cacher et il y reste aussi longtemps (12 heures, 24 heures, ou à l’infini, jusqu’à sa mort) que la mère le décide. C’est uniquement à l’appel de la mère que le veau sort de sa cachette. Cela donne bien souvent à l’éleveur du travail supplémentaire lorsqu’il s’agit de chercher les veaux. Par exemple, ce printemps Cache-cache, une vache gentille mais très étourdie, avait vêlé. Elle n’a jamais eu l’instinct maternel très développé et nous ne trouvions plus son veau. Cache-cache avait très peu de lait et j’avais peur qu’elle oublie son veau. La situation était urgente car le troupeau devait changer de prairie.
Pendant 2 jours, Jos, des amis et moi avons cherché partout. Nous avons amené Cache-cache visiter tous les endroits possibles pour qu’elle appelle son veau … Toujours rien. Nous l’avons suivie en cachette pour voir si elle allait rejoindre son veau : rien. 48 heures plus tard, Cache-cache avait décidé que le temps était venu de montrer son veau au monde s’est rapprochée de l’endroit, a appelé son veau et comme si de rien n’était, le veau s’est levé et a rejoint sa mère.
Quand les veaux ont quelques semaines, une vie de groupe se développe. Tandis que les mères broutent, ils aiment courir, sauter et faire des cabrioles ensembles. Ensuite ils vont se coucher en clan. Dès que les mères ont fini de manger et s’apprêtent à se coucher pour ruminer, la plupart des veaux vont rejoindre leurs mères, boivent un peu, se laissent faire leur toilette et se couchent à côté d’elles.
Il y a des comportements innés, mais une grande partie du « savoir-vivre bovin » nécessite un apprentissage. L’éducation est transmise par l’exemple. Les veaux ont le désir de tout imiter, de tout essayer. Ils sont de très bons observateurs. Les vaches surveillent, mais interviennent peu (sauf si elles estiment qu’une vache ou un animal d’une autre espèce pourraient faire du tort à son veau). Elles donnent la possibilité à leurs petits de faire leurs propres expériences. C’est sûrement la meilleure façon d’apprendre pour les bovins à faire face à leur vie.

2 – La certification des mâles reproducteurs ruminants.

Les renseignements concernant la prise en otage de la semence de taureau commencent à se concrétiser. La loi de modernisation agricole de 2006 L 653-6 prévoit qu’ « à compter du 01-01-2015, le matériel génétique support de la voie mâle acquis par les éleveurs de ruminants sera soumis à l’obligation de certification, qu’il s’agisse de semence ou d’animaux reproducteurs. Un décret détermine les conditions d’enregistrement et de contrôle de l’utilisation de la voie mâle ainsi que les modalités d’application du présent article. » Bien que le décret d’application de cette loi n’ait pas été publié et que nous n’en connaissonis pas le contenu exact, tout porte à croire à un parallèle avec la loi sur les semences végétales. Je crains que ce soit une mesure pour obliger les éleveurs à financer les Centres de Sélection et d’insémination, puisque l’État s’est désengagé financièrement.  La sélection animale serait alors confiée à une minorité intéressée par la prospérité de ce marché. Les petits élevages n’auront plus la possibilité de résister en sélectionnant leurs taureaux et béliers par eux-mêmes sur des critères de santé, longévité et rusticité. Comme on voit déjà en grande partie dans les élevages laitiers et dans les gros élevages de viande qui utilisent les Centres d’Insémination et de Sélection, la sélection sera faite sur des critères de productivité (vaches produisant un maximum de lait ou veaux avec un maximum de viande). Ces différents paramètres sont jugés à court terme, dans des conditions d’élevage souvent intensives et artificielles. Le résultat de cette loi sera une hyper fragilité des troupeaux : une grande néomortalité et une très faible longévité des animaux adultes. Ces animaux auront besoin de beaucoup de médicaments, souvent introduits d’office dans leur nourriture. Pas bon pour eux, pas bon pour votre santé non plus, vous qui consommez leur lait, fromage et viande. Je ne vois pas comment dans ces conditions on pourrait encore conduire un troupeau de façon saine.

3 – La ferme aujourd’hui.

20 vaches ont vêlé. Il y a même eu des jumeaux. Les 21 veaux sont en pleine forme. Je leur suis très reconnaissante d’aller aussi bien. La néomortalité des veaux en France, est très élevée, selon notre vétérinaire, il y a 1 million de veaux, nés vivant, qui meurent avant d’avoir atteint 30 jours. Petite Rapine, une génisse d’à peine 2 ans, a fait une escapade l’année passée et s’est trouvée enceinte aussi. C’est beaucoup trop jeune. Elle a vêlée il y a un mois, pendant la distribution de viande à Paris. Je n’ai pas pu surveiller la naissance. Le veau est bien sorti, mais la malchance voulait que la poche d’eau soit restée collée autour de sa tête. Une vache ayant vêlé plusieurs fois, commence tout de suite à lécher le veau et enlève ainsi cette poche, si elle y est encore. Souvent une primipare n’as pas l’instinct de le faire, encore moins une jeune génisse. Ainsi, le veau est mort, asphyxié.
Les 2 vaches de 20 ans (extrêmement âgé pour une vache.) En France les vaches vivent normalement jusqu’à +/- 8 ans). Hôtesse et Grande Rapine, ne donneront probablement plus de veau et gagnent leur croûte comme nounous pour le troupeau des génisses. Les animaux vont bien. Les vaches, les veaux et le taureau sont heureux. Ni maladies, ni accidents. Ça fait plaisir de les voir ainsi. Seulement, Grande Rapine (la mère à Petite Rapine) une des 2 vaches qui ont 20 ans, est maigre, mais semble encore bien prendre du plaisir à vivre.
Le climat rude donna lieu cette année à une poussée d’herbe très tardive : vers le 10 mai. La saison est courte, heureusement l’herbe pousse rapidement. A partir de la mi-mai, il y en a eu assez  pour que les vaches puissent se nourrir dans les prés. Fin juin, l’herbe pousse déjà moins vite et à la mi-octobre, les vaches l’ont toute mangée. Un calcul rapide nous dit qu’il faut prévoir du foin pour 6 à 7 mois d’hivernage.
Le foin se fait à partir de la mi-juin, dès qu’il fait trois journées consécutives de beau temps. Avez-vous idée de combien de foin il faut pour passer l’hiver ? Une vache mange 10 à 12 kilosde foin par jour.
28 vaches et 1 taureaux soit 29 bovins x 10 kilos x 200 jours = 58 Tonnes + un vingtaine de veaux et génisses : 20 x 5 kilo x 200 jours = 20 Tonnes.  Total : 78 T.
Une balle ronde pèse 230 kilos, donc 340 balles rondes seront nécessaires.
La récolte de foin a fourni 304 ballots. Le manque de jours sans pluie a ralenti la récolte cette année. Le foin est varié et de bonne qualité, mais certaines plantes ont été récoltées trop tard, elles sont devenues dures et ont perdu leurs graines. Avec un peu de chance (et de la pluie), le regain poussera assez bien et nourrira les vaches jusqu’en novembre et fournira de quoi faire les 40 balles manquantes.

4 – Pour les lecteurs attentifs de la newsletter 8 : le veau « Streepje » et sa mère vont très bien, leur relation est devenue très bonne.

5 – Pression foncière : Comme ailleurs, la ferme des Mille Fleurs rencontre de plus en plus de problèmes de foncier.

Déjà, c’est quasiment impossible d’en obtenir, mais la situation s’aggrave dans le sens où beaucoup de terrains en location sont retirés de leur utilisation agricole et sont mis en vente pour construire dessus. Les prix sont exorbitants pour l’usage paysan.

6 – Pourquoi les taureaux de race de viande sont moins dangereux que les taureaux de race laitière ? 

Souvent on me pose la question de la dangerosité des taureaux. Notre taureau Issac doit peser autour de 1000 kilos. C’est une posture impressionnante et s’il voulait, il pourrait nous tuer en un clin d’œil. De plus les taureaux en général sont connus pour leurs changements d’humeur hyper rapides et ne prennent pas le temps d’avertir longtemps. Pourtant, peu d’éleveurs de races à viande sont blessés par leurs taureaux (le danger vient surtout des vaches qui viennent de vêler).
La renommée du taureau dangereux vient plutôt des taureaux de race laitière. Ils ont l’air moins impressionnants, parce que plus légers, mais leur esprit est beaucoup plus vite irritable.
Une raison évidente est qu’un taureau de race à viande vit une grande partie de l’année à l’extérieur avec son harem. Un taureau de race laitière vit souvent à part et enfermé.
Logiquement un animal qui mène une vie frustrante, s’irrite facilement. Une autre raison, au moins aussi importante, se trouve dans l’éducation primaire des taureaux par leurs semblables.
Un veau (futur taureau) d’une race à viande est né dans un troupeau et reste +/- 9 mois avec sa mère, qui le protège et le soigne. Il a confiance dans le monde et en lui. Dans le troupeau, il a donc toute occasion de développer un comportement social. Un veau d’une race laitière est séparé de sa mère directement après la naissance. Souvent, il passe les premières semaines de sa vie dans une cage isolée (afin de les protéger contre des maladies : taux de néo-mortalité =/- 13%, sélection génétique trop dirigée vers la productivité laitière) pour ensuite arriver dans un petit groupe de ses pairs. Ces pairs, eux non plus, ont eu un vécu sécurisant par la présence de leur mère et n’ont pas pu apprendre un comportement social par leurs aînés. Il faut savoir que les bovins apprennent énormément par imitation. Ils sont des grands observateurs. (Un jour, prenez le temps d’aller vous asseoir à côté d’un pré de vaches. Observez- les pendant une heure. Suivez-un seul animal avec votre regard. Derrière leur aspect paisible, il y a de nombreux moments d’interactions et de communication entre eux.) Il faut s’imaginer l’insécurité dans lequel un petit veau grandit coupé des liens primaires indispensables à sa socialisation. Ce vécu explique le caractère émotif et irritable des taureaux de race laitière. Quoique largement extrapolée, cette situation me fait penser un petit peu à certains orphelinats sous le régime de Ceausescu.

Pour les enfants qui connaissent la ferme : Inch’allah a un poulain.
Le poulain d’Inch’allah est né. C’est une fille, donc une pouliche. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à son grand frère Purusha. Elle s’appelle Chitananda. Elle est très curieuse et joueuse. Inch’allah est une mère très gentille. D’abord Inch’allah disait tout le temps à Chitananda de rester tout près d’elle. Et si Purusha voulait se rapprocher de Chitananda, elle le lui interdisait. Une heure après sa naissance, un poulain peut se tenir debout et marcher un peu. Un poulain apprend très vite ; au bout de quelques jours il sait galoper et même sauter. Maintenant Incha’allah fait confiance à Chitananda et à Purusha. Ils jouent sans cesse ensemble et souvent, quand Chitananda hennit pour dire qu’elle a un problème, c’est Purusha qui court vers elle pour l’aider.
Avertissement aux randonneurs (peut-être superflu) : Voici un avertissement qui n’a rien à faire avec notre ferme, mais qui semble quand même important pour des randonneurs, surtout avec un chien. Notre gîte et chalet reçoivent souvent des personnes ravies de randonner. Il arrive qu’elles montent plus haut dans les montagnes, où il y a des estives. De temps en temps elles se trouvent en situation périlleuse. Dans les estives vivent des vaches avec leurs veaux. Durant 6 mois, les vaches sont rarement contact avec des êtres humains. Elles savent qu’elles peuvent uniquement compter sur elles-mêmes. Donc toutes leurs réactions instinctives sont à vif, surtout quand elles sentent un danger pour leurs veaux. Chaque animal possède une distance limite qui ne peut pas être dépassée sans qu’elles se sentent agressées. Plus le veau est jeune, plus cette distance est grande. Il y a plus dangereux encore si la vache détecte la présence d’un chien. Le chien peut réveiller la catégorie « loup » dans la tête de la vache. Si votre chien n’est pas en laisse et se rapproche des vaches, celles-ci peuvent commencer à poursuivre le chien. Le chien cherche la sécurité chez ses patrons, vous. Ceci est sûrement un compliment pour la confiance que votre chien a en vous, mais la situation pratique s’avérera assez inconfortable. Vous allez vous retrouver avec votre chien derrière vos jambes et avec tout un troupeau de mères en colères devant vous. Dans le cas où votre chien est tenu en laisse, sachez que les vaches ne réagissent pas seulement à la vue, mais aussi à l’odorat. Doublez-donc la distance normale, sinon vous allez vous trouver dans la même situation d’intimité avec des vaches agressives.

7 Marche pour une Nouvelle PAC

Copié du Bio Consom’Infon°52- juillet 2012 :
« Cet été, un appel européen est lancé par des organisations paysannes et de la société civile, pour faire une marche pour une nouvelle Pac, intitulée «Good Food, Good Farming March – let’s march to Brussels» qui arrivera le 19 septembre 2012 à Bruxelles devant le Parlement européen –www.goodfoodmarch.eu
En 2014 la Pac sera réformée pour 6 ans et les négociations sont en cours. C’est le moment de faire entendre haut et fort nos choix agricoles et alimentaires aux niveaux national et européen ! »

8 Invitation à la ferme pour les Amapiens familles avec des enfants et pour les Amapiens adultes

1 long week-end pour parents et enfants (+/- 5 à 16 ans). Thèmes abordés : Découverte de la ferme ; Relation avec les animaux et la nature.
Vous partagerez la maison avec nous et vous serez responsables des repas (aussi pour nous) à partir de la 2ème journée. La 1ère journée nous vous préparerons les repas.
La date proposée : du samedi 27 au mardi 30 octobre 2012.

1 long week-end pour des personnes à partir de 16 ans (Pour des questions d’assurance nous n’avons
pas le droit d’inclure les enfants de moins de 16 ans dans les travaux). Vous partagerez notre travail
matinal, nos repas et notre maison. Maximum : 9 personnes.
La date proposée : du jeudi 1er au dimanche 04 novembre 2012.
Afin d’éviter toute confusion : c’est gratuit. L’échange se fait en aide, plaisir et partage.
Nous serions heureux d’accueillir d’autres propositions des AMAP’s, par exemple venir en groupe
AMAP, faire du camping pendant un long week-end……………….

9 Viande ► Passage à Paris pour la saison 2011-2012
Les livraisons de viande sont programmées (sous réserve)
livraison 1: 27 septembre – 03 octobre
livraison 2: 10 décembre – 15 décembre livraison
livraison 3: mars 2013
livraison 4 : fin mai/ début juin 2013

Merci de contacter votre Amap ou directement la ferme Mille Fleurs, (selon l’habitude) si vous souhaitez passer commande.
Contact : Si vous avez des questions, si vous souhaitez d‘autres renseignements, ou si vous avez envie de visiter la ferme « Mille Fleurs », n’hésitez pas à nous contacter :
SCEA Mille Fleurs – Jos de Wildt & Ernestine Morsink Fouillat – 63810 Cros
Tél : 04.73.22.25.10
Site : http://milfleurs.fr