Les Mille Fleurs, le 24 octobre 2011 : des nouvelles du troupeau, une invitation à venir découvrir la ferme et le travail qui y est fait et les prochaines livraisons de viande sur Paris.
Les vaches, les paysans et leurs bâtons
« Pourquoi les paysans ont toujours des bâtons quand ils s’occupent des vaches ?, Serait-ce pour les taper ? ». Voici une question qu’on nous pose souvent et à laquelle nous répondons « Ah non, surtout pas. »
D’abord, ce qui est très important en travaillant avec des animaux en troupeau c’est qu’il ne faut pas obliger les animaux à faire quelque chose, il faut créer les conditions pour qu’ils le fassent parce qu’ils le veulent. Pour cela la communication joue un rôle important.
Je parle ici du cas de figure d’un troupeau de vaches allaitantes d’une race rustique, qui est fait pour se débrouiller seul dans la nature.
Grosso modo on distingue trois situations dans l’élevage bovin (incluant toutes les phases intermédiaires) :
- Un troupeau des vaches laitière ou avec lesquelles on travaille en utilisant leur force. On peut les considérer comme animaux domestiqués. Ils sont en contact physique avec l’humain tous les jours et aiment être touchés par l’homme (si tout va bien).
- Un troupeau des vaches allaitantes. Le troupeau est fait pour élever les veaux, les défendre et faire face aux situations dangereuses. On ne peut pas les considérer vraiment comme animaux domestiqués, ce sont plutôt des animaux sauvages qu’ils ont appris à tolérer les humains à courte distance.
- Un grand troupeau des centaines, voir des milliers de bovins comme on les voit en Amérique, Australie etc.
Pour bien s’occuper des vaches, il faut donc établir une relation de confiance, savoir communiquer et être en accord avec ce que les vaches veulent, ou ce qui est dans leur logique. Il faut communiquer dans une langue qu’elles comprennent, dans leur langue et ne pas attendre d’elles qu’elles apprennent notre langage. Voilà, c’est cela : parler vache !
Le bâton sert dans ce cadre à communiquer avec elles. Une partie du langage « vache » passe par des attitudes corporelles et par les positions dans l’espace qu’elles occupent les unes par rapport aux autres. Le bâton aide l’éleveur à s’exprimer dans le langage des vaches. La vache a sa grille de lecture de ce langage par l’image d’un corps de bovin. Et nous, les pauvres humains, n’y ressemblons pas trop. Avec le bâton on peut signifier les cornes, on peut se présenter devant elle sous une forme plus horizontale que notre état de bipède le permet normalement grâce au bâton qui prolonge notre corps. La longueur de bâton va nous aider à prendre une position plus proche du corps de la vache.
Un exemple : pour déplacer le troupeau, les vaches doivent considérer la personne (ou vache) qui est en tête comme une vache supérieure qui va les amener vers une bonne prairie nourricière. En les appelant avec notre bâton les vaches nous suivent de leur plein gré.
S’il y a des vaches qui font mine de dépasser le paysan pour prendre la tête du troupeau, celui-ci fait un mouvement avec son bâton, comme les vaches font avec leurs cornes ou avec leur corps, ce qui qui signifiera dans leur langage : » Eh oh, c’est moi qui dirige, respecte moi ! »
S’il y a sur le chemin beaucoup de trafic ou des intersections, d’autres personnes peuvent aider le paysan dans cette tâche. Elles se positionneront alors avec leur bâton pour canaliser le troupeau.
Il se peut qu’une vache traîne en route et risque de perdre le contact avec le troupeau. Dans ce cas, la personne derrière le troupeau peut toucher avec son bâton le dos ou les fesses de la vache. La vache considère ce geste comme un mouvement de corne qui lui dirait « dépêche-toi un peu », et c’est ce qu’elle fera !
Un autre cas de figure où le bâton est fort utile, c’est lorsqu’on se promène au milieu du troupeau pour voir si tous les animaux vont bien. Le fait d’avoir un bâton dans la main, qui est considéré par le bovin comme un genre de super corne, nous évitera les mouvements d’irritation de la part du taureau.
Sevrage
Une autre question qu’on nous pose souvent : « Comment se passe le sevrage ? Est-ce que le veau et la mère ne souffrent pas de la séparation ? »
Mal fait, le sevrage peut être un vrai traumatisme pour la vache et son veau. Mais ces souffrances ne sont pas nécessaires.
Le sevrage se fait normalement 9 à 10 mois après la naissance du veau. A ce moment, selon les lois de la nature, naturellement la vache se prépare pour une nouvelle naissance et ne donne presque plus de lait à son veau. Le veau ne dépend plus de sa mère pour se nourrir et se tourne vers ses camarades. Par contre le lien affectif entre un veau et sa mère existe encore bel et bien et il ne faut pas le rompre brutalement. Toute personne assistant aux meuglements désespérés d’une vache séparée de son veau s’en souvient ! Et comme bien souvent, la solution se trouve dans le fait de donner du temps aux animaux, comme dans la nature. Il faut travailler en respectant le rythme des vaches et pas leur imposer celui des exigences humaines.
A cette fin, sur notre ferme, nous utilisons un parc pour les veaux.
A l’étable, il y a une espace uniquement accessible aux veaux par une petite ouverture. Cette espace est seulement séparé du reste de l’étable par une barrière. Les veaux peuvent y venir et en sortir comme ils veulent. C’est un endroit où les grands ne peuvent pas les embêter et où l’abreuvoir et les crèches de foin sont à leur hauteur, en bref où ils se sentent bien ! Quand un veau a 9 à 10 mois, on ferme le passage entre le parc et le reste de l’étable. Le veau reste dans l’endroit qu’il connaît et où il se sent en sécurité. La mère peut venir le voir, le lécher et être certaine que son petit va bien. Ainsi petit a petit, en quelques jours, la vache ne vient plus voir son veau et le veau ne se préoccupe plus de sa mère. Et pour améliorer encore la quiétude du processus, je donne des fois quelques granules homéopathiques d’Arnica 30 CH à la vache et son veau.
Sècheresse
Les conséquences de la sécheresse sont toujours d’actualité. 40% du stock du foin pour l’hiver manque. Ici, le sol est peu fertile et le démarrage des plantes après le passage de la sécheresse proprement dite, a été extrêmement lent. Quand finalement la végétation a été suffisamment rétablie pour pousser, l’automne montrait son nez et les plantes ne se risquaient plus à croître à cause du froid.
Cela n’a pas été facile de protéger les vaches des dangers causés par la sécheresse. Deux vaches de notre troupeau y ont perdu la vie. Lucie en allant boire dans un point d’abreuvoir s’est enfoncée dans la boue. Celui-ci se desséchait et elle est allée trop loin dans le champ dans une zone trop boueuse. On a pu l’en sortir vivante mais après deux semaines de soin, quant on pensait que ça allait mieux, elle est morte.
Un autre problème se pose ce sont les corps ”étrangers’’ que les vaches peuvent ingérer. C’est ainsi qu’on nomme des morceaux de métal (hélas souvent pointus) qui traînent dans les herbages. Les vaches ne font pas très attention à ce qu’elles avalent. Il arrive même qu’elles mangent de gros boulons de fer. Plus dangereux encore sont les petits morceaux pointus (soyez vigilant d’ailleurs lorsque vous pique-niquez dans un herbage !). Ces objets peuvent perforer les estomacs des vaches. S’ils ouvrent une voie vers le cœur ou le foie, c’est particulièrement dangereux. Le traitement consiste alors à faire avaler un énorme aimant (7 x1x1 cm) aux animaux. L’aimant attire le morceau de métal qui est dans l’estomac et le morceau se colle ainsi à l’aimant. Cette technique marche souvent, mais malheureusement pas toujours.
Par manque d’eau l’herbe cette année était très courte, et les vaches broutaient très près du sol avec, bien entendu, un risque accru d’avaler des corps étrangers. Chez une de nos vaches, l’aimant na pas pu retirer le morceau de fer.
Paradis pour l’hiver : demande d’aide bénévole !
Comme déjà expliqué dans la newsletter 5, nous sommes de plus en plus convaincus de bien fondé du retour vers un système d’alimentation des vaches qui leur correspond.
« Beaucoup des problèmes autour l’élevage des animaux domestiqués ont leur origine dans le fait que l’évolution et l’adaptation du patrimoine génétique se déroulent beaucoup plus lentement que les changements de l’environnement physique de l’espèce. C’est-à-dire que nous traitons l’animal d’une façon qui n’est pas adaptée à ses vrais besoins physiologiques.
Quel était l’environnement original de notre vache européenne ? C’était la forêt !
L’ancêtre de la vache domestique s’appelle le bos primigenius ou l’’auroch. Il a disparu en 1627 des forêts européennes. Il se nourrissait de feuilles, des écorces, d’herbes, des glands, etc.
Depuis toujours les hommes exigent des animaux qu’ils s’adaptent à ses conditions de production agricole. L’ancêtre de la vache a dû s’adapter aux prairies, dont l’homme a supprimé la plupart des différentes plantes dont il se nourrissait, pour aboutir à une alimentation basée sur seulement quelques espèces d’herbe. La vache actuelle est nourri avec du mais fourrage, du soja et des mélanges de céréales…
Pas étonnant qu’elle soit devenue fragile, vive moins longtemps que ses ancêtres, aie besoin de beaucoup de traitements médicamenteux, compléments alimentaires, et émette énormément de méthane en ruminant. Son système digestif est complètement déréglé.
En changeant son mode d’alimentation, en lui re-donnant accès à son environnement d’origine on peut remédier à ce dérèglement. Des recherches ont montré qu’une grande quantité d’émission de méthane n’est pas une fatalité. Par contre une vache élevée de cette façon, sera beaucoup moins productive en terme de quantité de viande.
Pour toutes ces raisons nous avons choisi de nourrir nos vaches avec des prairies riche en variété d’herbes et en buissons mis à leur disposition. Les parcelles de pâture incluent des parties de forets où elles peuvent chercher et trouver tous les oligo-éléments, vitamines, plantes et minéraux dont elles ont besoin ».
Nous avons obtenu de pouvoir utiliser 2 hectares de terrains agricoles supplémentaires, laissés à l’abandon depuis de très nombreuses années. Ces terrains formeront, ensemble avec une colline tournée vers les sud et un ruisseau qui passe, un parcours idéal pour les vaches pendant l’hiver. Elles dormiront à l’étable, y mangeront leur foin et pourront vadrouiller à leur guise pendant la journée.
Clôturer ces terres et les rendre accessible est un travail énorme.
Y aura-t-il des Amapiens qui pourraient venir nous aider pendant une semaine en novembre ?
Invitation à la ferme au printemps :
nous vous invitons à venir passer du temps sur notre ferme pour y découvrir notre travail, soit en famille (1er week-end proposé), soit entre adultes (2ème week-end proposé):
- 1 long week-end pour parents et enfants (+/- 5 à 16 ans). Thèmes abordés : Découverte de la ferme : Relation avec les animaux et la nature. Vous partagerez la maison avec nous et vous serez responsables des repas (aussi pour nous) à partir de la 2ème journée. La 1ère journée nous vous préparerons les repas.
Les dates proposées : du samedi 14 au mardi 17 avril 2012. - 1 long week-end pour des personnes à partir de 16 ans (Pour des questions d’assurance nous n’avons pas le droit d’inclure les enfants de moins de 16 ans dans les travaux). Vous partagerez notre travail matinal, nos repas et notre maison. Maximum : 9 personnes.
Les dates proposées : du samedi 28 avril au mardi 1er mai 2012.
Afin d’éviter toute confusion : c’est gratuit. L’échange se fait en aide, plaisir et partage.
Nous serions heureux d’accueillir d’autres propositions des AMAP’s, par exemple venir en groupe AMAP, faire du camping pendant un long week-end…
Viande > Passage à Paris pour la saison 2011-2012
Les livraisons de viande sont programmées (sous réserve)
- livraison 2 : du 28 novembre au 3 décembre 2011
- livraison 3 : du 12 mars au 17 mars 2012
- livraison 4 : du 21 mai au 26 mai 2012
Au mois de novembre nous vous proposons de la viande : Tarifs sur notre site.
Merci de contacter votre Amap ou directement la ferme Mille Fleurs, (selon l’habitude) si vous souhaitez passer commande.
Contacts :
Si vous avez des questions, si vous souhaitez d‘autres renseignements, ou si vous avez envie de visiter la ferme « Mille Fleurs », n’hésitez pas à nous contacter :
SCEA Mille Fleurs
Jos de Wildt & Ernestine Morsink
Fouillat
63810 Cros
Tél : 04 73 22 25 10
http://milfleurs.free.fr/contacts.html